L’hyperphagie

RÉDIGÉ PAR : Claire
Je suis Claire, hypnothérapeute diplômée de l'Ecole Sajece. Spécialiste des thérapies brèves, je transforme les vies cabossées en parcours fluides et libérés, grâce à une approche humaine et inspirée par la nature.
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L’hyperphagie, ou trouble de l’hyperphagie boulimique (Binge Eating Disorder), est un trouble du comportement alimentaire marqué par des épisodes récurrents de suralimentation, sans comportements compensatoires comme dans la boulimie. Ce trouble affecte plusieurs dimensions de la vie : émotionnelle, physique et sociale. Il s’accompagne souvent d’un sentiment de perte de contrôle et de honte, entraînant des répercussions graves sur la santé mentale et physique des personnes qui en souffrent.

Définition et historique

L’hyperphagie, ou « binge eating disorder » en anglais, a été reconnue relativement tard dans le domaine des troubles alimentaires. Dans les années 1950, les recherches sur les troubles alimentaires se concentraient principalement sur l’anorexie et la boulimie. Cependant, c’est en 1959 que le psychiatre Albert Stunkard identifie le « Syndrome d’Hyperphagie Nocturne », une première forme de troubles alimentaires liés à des épisodes de suralimentation compulsive.

Au fil des décennies, l’hyperphagie a été distinguée de la boulimie par l’absence de comportements compensatoires (comme le vomissement). Dans les années 1980, les travaux du Dr. Christopher Fairburn ont marqué un tournant en incluant l’hyperphagie dans ses études sur les troubles alimentaires, notamment via des essais cliniques. Les recherches ont mis en évidence un lien entre l’hyperphagie et des facteurs psychologiques tels que l’anxiété, la dépression et le stress.

En 2013, l’hyperphagie a été officiellement reconnue comme un trouble distinct dans le DSM-5 (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), grâce à des travaux comme ceux de James I. Hudson, qui a mené des études épidémiologiques. Les recherches ont principalement utilisé des approches comportementales et psychologiques, avec des méthodes telles que l’imagerie cérébrale et les questionnaires cliniques pour explorer les mécanismes sous-jacents de ce trouble.

Que vit une personne qui souffre d’hyperphagie ?

L’hyperphagie, ou trouble de l’hyperphagie boulimique (Binge Eating Disorder, BED), est un trouble du comportement alimentaire (TCA) profondément complexe, affectant diverses dimensions de la vie d’une personne. Sur le plan émotionnel, une personne atteinte d’hyperphagie vit souvent dans un cycle de honte, de culpabilité et de frustration. Après chaque épisode de suralimentation, elle ressent un sentiment de perte de contrôle qui peut être terriblement écrasant. Cet excès alimentaire est rarement motivé par la faim physique ; il est plutôt une réponse à des émotions intenses comme l’anxiété, la dépression, le stress, ou même l’ennui. Pendant un épisode, la personne peut avoir l’impression d’échapper à ses émotions, mais une fois que l’épisode se termine, la culpabilité et la honte prennent le dessus, aggravant ainsi la souffrance émotionnelle. Cette boucle émotionnelle se renforce au fil du temps, créant un profond sentiment de désespoir, voire de dégoût de soi, car la personne se sent incapable de contrôler son comportement malgré les conséquences négatives.

Sur le plan physique, l’hyperphagie peut entraîner des complications de santé majeures, telles que l’obésité, le diabète de type 2, l’hypertension et les maladies cardiovasculaires. Une personne souffrant de ce trouble peut être piégée dans un cycle où elle mange de manière excessive, puis se sent mal physiquement (ballonnements, douleurs abdominales, inconfort général), ce qui aggrave encore son état émotionnel. Ce malaise physique est accompagné d’une faible estime de soi, souvent exacerbée par la stigmatisation sociale liée au poids et aux TCA. Ces individus peuvent éviter les interactions sociales, par peur d’être jugés pour leur apparence ou leur comportement alimentaire. Cette isolation sociale ne fait qu’aggraver leur détresse émotionnelle, créant une spirale descendante où la nourriture devient une échappatoire, un moyen de combler un vide émotionnel croissant.

Sur le plan cognitif, l’hyperphagie s’accompagne d’une obsession autour de la nourriture. Une personne atteinte de ce trouble peut passer une grande partie de son temps à penser à ses prochains repas, à anticiper des moments de suralimentation, ou à planifier secrètement des occasions où elle pourra manger en grande quantité sans être vue. Cette préoccupation cognitive envers la nourriture peut occuper tellement de place qu’elle interfère avec les activités quotidiennes, la concentration et les performances au travail ou dans les études. En parallèle, la culpabilité qui suit les crises pousse souvent les individus à adopter des comportements compensatoires malsains, comme des régimes restrictifs drastiques, ce qui peut aggraver la relation avec la nourriture et conduire à davantage d’épisodes de suralimentation.

« Notre relation avec la nourriture est une porte d’entrée vers une relation plus profonde avec nous-mêmes. Chaque bouchée révèle ce qui se passe en nous. » Geneen Roth, Auteure spécialisée sur les TCA

Sur le plan comportemental, les personnes atteintes d’hyperphagie développent souvent des habitudes alimentaires ritualisées, comme manger en secret ou accumuler de la nourriture pour plus tard. Ces comportements peuvent être profondément ancrés dans un effort pour cacher leur trouble aux autres, car elles craignent souvent le jugement ou l’incompréhension de leur entourage. En outre, ces individus peuvent avoir tenté de multiples régimes ou stratégies pour perdre du poids, souvent sans succès à long terme, ce qui renforce leur sentiment d’échec. Les comportements alimentaires irréguliers et compulsifs deviennent un moyen de faire face au stress et aux émotions négatives, même s’ils aggravent en réalité les problèmes psychologiques sous-jacents.

Sur le plan social, l’hyperphagie peut profondément affecter les relations interpersonnelles. La honte associée à ce trouble pousse souvent les individus à se retirer des interactions sociales, à éviter les repas en groupe, et à minimiser les sorties avec des amis ou des collègues. Cela peut provoquer un isolement progressif, dans lequel la personne s’éloigne des autres pour protéger son secret ou pour éviter des situations sociales où la nourriture est présente. Ce retrait social peut conduire à un sentiment d’incompréhension et d’isolement, aggravant les sentiments de solitude et de détresse émotionnelle.

Enfin, sur le plan spirituel ou existentiel, une personne souffrant d’hyperphagie peut se sentir déconnectée d’elle-même, de ses valeurs profondes, et de sa propre identité. Le trouble peut devenir une sorte de prison émotionnelle et physique, où la personne ne se reconnaît plus. Cette rupture avec soi-même crée un vide, une perte de sens et d’espoir. La personne peut se sentir piégée dans un cycle qu’elle ne sait pas comment briser, alimentant ainsi un sentiment de désespoir profond.

En somme, l’hyperphagie affecte non seulement le corps mais aussi l’esprit et l’âme de ceux qui en souffrent. Il s’agit d’un trouble complexe, où la nourriture devient à la fois une source de réconfort temporaire et un fardeau émotionnel et physique lourd. L’accompagnement thérapeutique est crucial pour aider ces personnes à briser ce cycle, à retrouver une relation saine avec la nourriture, et à se reconnecter à elles-mêmes et aux autres.

Quels risques si je suis hyperphagique ?

L’hyperphagie expose les individus à plusieurs risques physiques graves. Le principal risque est l’obésité, en raison des épisodes réguliers de suralimentation non contrôlée. Ce surpoids excessif entraîne à son tour des complications, telles que le diabète de type 2 et des maladies cardiovasculaires, qui augmentent le risque d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) ou de crises cardiaques. Les personnes hyperphagiques souffrent aussi souvent d’hypertension artérielle, liée au surpoids et à un régime alimentaire riche en graisses et en sucres. Par ailleurs, la suralimentation entraîne des troubles digestifs comme des ballonnements, des indigestions ou des douleurs abdominales fréquentes. Enfin, l’excès de poids peut surcharger les articulations, augmentant le risque de troubles musculo-squelettiques tels que l’arthrose et les douleurs articulaires.

Sur le plan psychologique, l’hyperphagie est souvent liée à des troubles tels que la dépression et l’anxiété. Les personnes atteintes d’hyperphagie éprouvent régulièrement un sentiment de perte de contrôle, ce qui entraîne des sentiments de honte et de culpabilité, exacerbant leur état mental. L’estime de soi en prend également un coup, en raison du poids excessif et des jugements sociaux associés. Les individus peuvent se sentir isolés et évitent souvent les interactions sociales pour éviter d’être jugés sur leur comportement alimentaire. Ce sentiment d’isolement social peut conduire à une spirale émotionnelle négative, aggravant l’anxiété et la dépression, et renforçant les comportements de suralimentation.

L’hyperphagie entraîne des comportements alimentaires compulsifs qui incluent des cycles fréquents de suralimentation suivis de régimes restrictifs. Ces comportements peuvent conduire à des déséquilibres métaboliques et à une aggravation de la relation avec la nourriture. De plus, les personnes hyperphagiques risquent de développer d’autres troubles alimentaires, tels que la boulimie, où des comportements compensatoires comme les vomissements peuvent se manifester pour tenter de contrôler la prise de poids. Ces cycles de comportement alimentaire créent un stress psychologique supplémentaire et augmentent les risques pour la santé physique et mentale.

Sur le plan social, les personnes souffrant d’hyperphagie sont souvent victimes de stigmatisation et de discrimination, notamment à cause de leur poids. Cela peut créer des tensions dans leurs relations personnelles, qu’elles soient familiales, amicales ou amoureuses. L’isolement émotionnel et la peur d’être jugé peuvent conduire à une détérioration des relations. Sur le plan professionnel, les personnes hyperphagiques peuvent également rencontrer des difficultés au travail, car l’anxiété, l’isolement social et les problèmes de santé peuvent affecter leur performance. La discrimination liée au poids peut également limiter leurs opportunités professionnelles et personnelles.

L’hyperphagie nocturne est une variante de l’hyperphagie où les personnes consomment une grande quantité de nourriture pendant la nuit. Ce comportement nuit à la qualité du sommeil, pouvant entraîner des troubles tels que l’apnée du sommeil et une fatigue constante. Ces troubles du sommeil aggravent les risques pour la santé physique et mentale, notamment en perturbant les cycles hormonaux, augmentant ainsi les niveaux de stress et d’anxiété.

En résumé

L’hyperphagie est bien plus qu’un simple problème de suralimentation. Elle s’enracine dans des émotions complexes et peut avoir des impacts dévastateurs sur la santé et les relations sociales. Un accompagnement thérapeutique, combinant approches psychologiques, comportementales et nutritionnelles, est essentiel pour aider les personnes atteintes à retrouver une relation saine avec la nourriture, mais aussi avec elles-mêmes. Reconnaître la complexité de ce trouble est un premier pas vers une guérison durable. L’hypnose est ici un précieux alié.