Devenir parent est une aventure merveilleuse, mais elle peut aussi être source de stress intense. Lorsque ce stress devient insurmontable et que la communication avec le conjoint se bloque, les jeunes parents se retrouvent souvent démunis. Cette situation crée un véritable tourbillon émotionnel, mental et physique, nuisant au bien-être et à la relation de couple. Comprendre ces mécanismes est essentiel pour mieux y faire face et préserver l’harmonie familiale.
Stress parental : est-ce une pratique si récente que cela ?
La gestion du stress et la communication pour les nouveaux parents est un domaine de recherche qui s’est développé au fil des décennies. Historiquement, les premières recherches sur le stress parental remontent aux années 1960, avec des chercheurs comme John Bowlby, pionnier de la théorie de l’attachement. Il a démontré l’importance des liens affectifs entre parents et enfants. Bowlby, ainsi que Mary Ainsworth, ont montré que les comportements parentaux influencent le développement émotionnel des enfants. Et cela a ouvert la voie aux recherches sur les compétences parentales.
Au fil des années, des experts comme Daniel Stern et Donald Winnicott ont approfondi les travaux sur la relation parent-enfant, en se concentrant sur les émotions parentales, notamment le stress, la culpabilité, et l’impact de la communication. Stern, en particulier, a exploré l’expérience subjective des parents pendant les premières années de vie de l’enfant.
Aujourd’hui, environ 15 à 20 % des nouveaux parents, à l’échelle mondiale, souffrent de stress parental aigu ou chronique. Ces chiffres proviennent d’études épidémiologiques menées dans divers pays, notamment les études longitudinales sur les familles (type cohortes nationales). Ce type d’études permet d’estimer la prévalence en suivant des groupes de parents sur plusieurs années.
Que ressentent des parents sous stress intense à l’arrivée de leur enfant ?
Devenir parent est une expérience bouleversante qui peut, pour beaucoup, s’accompagner d’une montée de stress difficile à surmonter. Lorsqu’un jeune parent n’arrive pas à gérer son stress ni à communiquer efficacement avec son conjoint, cela engendre un tourbillon émotionnel intense. Je me souviens d’une gynécologue qui employait à juste titre le terme de « véritable tsunami ».
Sur le plan émotionnel, ce parent peut ressentir un profond sentiment de solitude, même lorsqu’il est entouré. Le stress accumulé se transforme souvent en anxiété persistante, qui peut se manifester par une peur constante de ne pas être à la hauteur, d’échouer dans son rôle de parent ou d’abîmer la relation avec son enfant. À cela s’ajoute un sentiment de culpabilité, amplifié par la pression sociale qui idéalise la parentalité comme un moment de bonheur parfait et harmonieux.
L’incapacité à partager ces émotions avec le conjoint intensifie ce stress. L’isolement émotionnel crée un fossé entre les partenaires, laissant place à une incompréhension mutuelle. Le parent en difficulté ressent un manque de soutien émotionnel, ce qui aggrave la frustration et la colère. Il ou elle peut percevoir le conjoint comme absent ou indifférent, ce qui accentue encore plus l’impression d’être démuni face à ces nouvelles responsabilités.
Sur le plan mental, le stress constant perturbe les capacités cognitives. Ce parent se trouve souvent submergé par des pensées intrusives, négatives et répétitives, telles que « Je ne fais pas assez », « Je ne suis pas un bon parent » ou encore « Je ne mérite pas cette famille ». Cela nuit à sa capacité de concentration et à sa faculté de prendre des décisions. Par exemple, face à une multitude de tâches liées à la parentalité, ce parent peut éprouver une paralysie décisionnelle, ne sachant plus par où commencer. La communication avec le conjoint, déjà fragilisée, devient encore plus difficile à cause de cette surcharge mentale.
Quelles conséquences pour le couple ?
Sur le plan physique, le stress prolongé a des répercussions tangibles. Un parent qui ne parvient pas à surmonter son stress peut souffrir d’insomnie ou de fatigue chronique, causées par l’angoisse de ne pas bien faire les choses. Cette privation de sommeil renforce à son tour l’irritabilité et l’instabilité émotionnelle. Les symptômes somatiques, comme les maux de tête, les douleurs musculaires ou encore les palpitations, sont aussi fréquents. Le corps devient un réceptacle des tensions, rendant la gestion quotidienne encore plus pénible.
Les répercussions de ce stress non géré se font également sentir sur le plan relationnel. L’incapacité à communiquer avec le conjoint crée un climat d’hostilité ou d’indifférence. Les disputes peuvent devenir plus fréquentes, avec des malentendus qui se multiplient. Le parent stressé peut se replier sur lui-même, pensant que son conjoint ne le comprend pas ou ne partage pas les mêmes inquiétudes. Ce manque de communication aggrave les tensions et peut entraîner un éloignement affectif entre les partenaires.
Sur le plan identitaire, le parent en proie au stress peut perdre de vue qui il ou elle est en dehors du rôle de parent. Ce déséquilibre identitaire crée une crise personnelle, où le parent ne se reconnaît plus dans ses anciens centres d’intérêt, passions ou ambitions. Le stress parental devient alors une sorte de prison mentale, où toute l’énergie est concentrée sur la gestion des responsabilités parentales, au détriment du bien-être personnel et de la relation de couple.
Le stress parental du point de vue de l’enfant ? Attention, impact imminent.
Le stress parental et le manque de communication entre les parents ont des répercussions directes et significatives sur le développement de l’enfant. Notamment durant ses premières années car elles sont des périodes critiques pour son bien-être émotionnel et psychologique. Il est crucial de prendre conscience que ne rien changer a pour premier impact d’hypothéquer la vie future de votre enfant.
Sur le plan émotionnel, un enfant dont les parents sont stressés ou en conflit constant peut ressentir une insécurité affective. L’enfant, particulièrement sensible aux émotions de ses parents, capte rapidement l’atmosphère familiale. Si les parents sont en détresse, l’enfant peut développer un attachement anxieux. Cela signifie qu’il peut avoir peur d’être abandonné ou de ne pas recevoir l’amour et l’attention nécessaires à son développement. L’attachement anxieux est bien documenté dans les travaux de John Bowlby et Mary Ainsworth. Il peut se traduire plus tard par des difficultés dans les relations interpersonnelles, une faible estime de soi, et une plus grande susceptibilité au stress et à l’anxiété.
Sur le plan comportemental, les enfants exposés au stress chronique des parents peuvent manifester des troubles du comportement. Ils peuvent devenir plus irritables, développer des accès de colère, ou au contraire, se replier sur eux-mêmes. Cela s’explique en partie par la confusion émotionnelle que ressent l’enfant face à l’instabilité parentale. Les jeunes enfants, en particulier, n’ont pas encore les outils pour gérer ces émotions complexes, ce qui peut perturber leur apprentissage des compétences sociales et de gestion des émotions.
« Le plus grand fardeau qu’un enfant puisse porter, c’est la vie non vécue de ses parents. » C.G. Jung, psychologue et psychanalyste
Le manque de communication entre les parents a également un impact sur la manière dont l’enfant apprend à communiquer. L’enfant apprend par imitation et l’exemple donné par les parents est crucial. Si les parents ne parviennent pas à résoudre leurs conflits ou à s’exprimer de manière saine, l’enfant risque de reproduire ces comportements dans ses propres relations futures. Cela pourrait engendrer une mauvaise gestion des conflits, un manque d’empathie et des difficultés à exprimer ses propres émotions.
D’un point de vue cognitif, les recherches montrent que l’exposition prolongée au stress parental peut affecter le développement du cerveau de l’enfant. Le stress chronique augmente le niveau de cortisol, une hormone qui, à long terme, peut nuire aux fonctions cérébrales de l’enfant, notamment en ce qui concerne la mémoire, la concentration et la gestion du stress. Selon certaines études, ces enfants peuvent éprouver des difficultés d’apprentissage et avoir des performances scolaires en dessous de leur potentiel.
Dans le domaine de la santé physique, le stress parental peut également affecter la santé de l’enfant. Des recherches suggèrent que le stress parental chronique peut affaiblir le système immunitaire des enfants, les rendant plus vulnérables aux infections et autres problèmes de santé. Cela peut aussi se traduire par des troubles du sommeil, l’un des premiers indicateurs de stress chez les jeunes enfants, affectant leur bien-être global.
Sur le long terme, les enfants qui grandissent dans un climat de stress parental et de mauvaise communication entre les parents risquent de développer des schémas de comportement répétitifs. Ces enfants, en devenant adultes, peuvent avoir tendance à reproduire les mêmes erreurs dans leurs relations personnelles. Cela peut entraîner des conflits dans leur propre vie de couple ou parentale. Des études ont montré que les enfants ayant vécu dans des foyers stressants sont plus susceptibles de souffrir de dépression, d’anxiété et de troubles de l’attachement une fois adultes.
En résumé
Surmonter le stress parental et rétablir une communication saine avec son conjoint est essentiel pour maintenir l’équilibre familial. Si ce stress n’est pas géré, il peut avoir des répercussions émotionnelles, mentales et physiques importantes, tant pour le parent que pour la relation de couple. Il est donc crucial de reconnaître les signes de détresse et de chercher des solutions adaptées, telles que la thérapie, la gestion du stress ou le soutien des proches. Prendre soin de soi permet aussi de mieux prendre soin de sa famille. L’hypnose, éventuellement combinée à la thérapie de couple ou à la médiation parentale, permettent de réduire ces impacts pour éviter des schémas répétitifs et offrir aux enfants un environnement stable, bienveillant et sécurisant.